BlogL’esport en question #3: Les piliers de l’esport

L’un des mots qui caractérise le mieux l’esport c’est la diversité des expériences. Chaque jeu possédant ses propres règles, objectifs et compétitions, l’esport propose autant de possibilités qu’il y a de jeux. Dès lors, il est difficile de désigner une seule valeur clé de ce domaine. Aujourd’hui nous allons donc discuter ensemble de quatre valeurs piliers dans l’esport.

Par Olivier Fortz

La pratique du jeu vidéo n’a pas toujours été mise en avant pour les capacités qu’elle permet de développer. Pourtant, depuis quelques années de plus en plus de travaux tendent à analyser les jeux vidéo sous l’angle des compétences que développent les joueurs, ainsi que sur l’utilisation des jeux vidéo comme outil d’apprentissage. Si ces recherches visent principalement l’aspect “hobby” du domaine, il est certain que la pratique compétitive à haut niveau de jeux vidéo nécessite certaines compétences et demande un état d’esprit bien particulier. Dépassement de soi, dextérité, stratégie et esprit d’équipe, partons ensemble à la découverte des quatre valeurs clés de l’esport!

Le premier pilier de l’esport n’est pas tant inhérent au support de cette pratique qu’à son aspect compétitif. En effet, si tout compétiteur cherche à dépasser ses opposants, il cherche avant tout à se dépasser lui-même. Dans le domaine des jeux vidéo, il existe une pratique qui est l’incarnation du dépassement de soi : le speedrun. La pratique du speedrun est l’art de finir un jeu vidéo le plus rapidement possible. Il existe plusieurs catégorie de speedrun, qui définissent les objectifs à terminer (que ce soit juste terminer le jeu, finir le jeu en tuant tous les boss existant ou finir le jeu en réussissant tous les objectifs même secondaires) ou la manière dont ses objectifs doivent être réalisés (par exemple en tuant le moins d’ennemis possibles ou en ne subissant pas de dégâts de tout le jeu). Ce domaine se caractérise par une communauté acharnée, qui cherche toujours à améliorer le moindre record, quitte à chercher pendant des heures une façon de gagner seulement quelques secondes. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir un joueur abandonner une tentative au milieu simplement parce qu’il a raté une minuscule optimisation. Cette communauté est l’incarnation du dépassement de soi, tant ses compétiteurs cherchent à continuellement améliorer leurs propres performances afin d’être l’unique détenteur du record de leur catégorie.

Le second pilier de l’esport, qui est plus une compétence qu’une valeur, est la dextérité. La plupart des jeux compétitifs demandent d’être capable de réaliser de nombreuses actions précises en très peu de temps. Le temps de réaction et la capacité d’enchaîner les actions sont primordiales pour prétendre au plus haut niveau. Les deux genres les plus représentatifs de ce pilier sont les jeux de combat (Street Fighter, Tekken, Super Smash Bros) et les jeux de tir (Counter-Strike, Call of Duty, Rainbow Six Siege). Les premiers nécessitent d’être capable de réaliser très rapidement des combos (enchaînement touches dans un ordre précis) afin de maximiser les dégâts infligés à son adversaire. Pour les jeux de tir, un bon joueur est capable de réagir très rapidement afin de viser et de tirer avant son adversaire, les joueurs doivent donc entraîner leur temps de réaction d’une part, et leur précision d’autre part.

La troisième valeur que nous allons évoquer est l’esprit d’équipe. Si certaines compétitions d’esport sont basées sur des jeux qui se jouent seul, nombreux sont les jeux qui se jouent en équipe. A cet égard, le genre des MOBA (jeux de bataille d’arène multijoueur), comme League of Legends et Dota 2, est sans doute celui qui demande la plus grande coordination d’équipe. En effet, dans ces jeux l’important n’est pas forcément d’être techniquement meilleur que son adversaire, mais plutôt de pouvoir se coordonner avec son équipe afin de prendre l’avantage et de remporter la victoire. Les actuels champions du monde de League of Legends, l’équipe DragonX, en sont le parfait exemple. Qualifiés sur le fil, ils ont réussi à remonter l’ensemble de la compétition, surpassant une par une les équipes favorites, jusqu’à vaincre la célèbre équipe T1. Si les joueurs de DragonX n'étaient pas forcément les meilleurs à leurs postes respectifs, leur esprit d’équipe et leur coordination leur ont toutefois permis de soulever la coupe.

Enfin, le dernier pilier que nous allons évoquer est la stratégie. Si certains jeux se démarquent par une approche fortement basée sur la dextérité, d’autres demandent surtout d’être capable de mettre en place une stratégie et d’anticiper son adversaire. Ce pilier a d’ailleurs donné son nom à un genre de jeu: les RTS (real time strategy, stratégie en temps réel), qui sont des jeux dans lequel deux généraux s’affrontent pour vaincre l’armée adverse. Dans ces jeux, s’il est important de pouvoir réaliser de nombreuses actions très rapidement, il est surtout très important de choisir les bonnes actions et de gérer ses ressources afin de ne pas prendre de retard sur l’adversaire. Connaître les forces et faiblesses de sa stratégie et de celle de son opposant devient primordial, et la préparation d’un joueur passe parfois plus par un apprentissage des possibilités et options possibles en jeu, plus que par un peaufinage de certains aspects techniques.

Les athlètes esportifs ne sont donc pas simplement de très bons joueurs de jeux vidéo. Ils se démarquent surtout par leur capacité à s'entraîner et à mobiliser ces quatre piliers pour surpasser leurs adversaires.